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Capitalisme + Came = Génocide

Nous avons ajouté une nouvelle brochure dans les ressource, Capitalisme + came = génocide, publié en 2023 par enquête critique. Nous reproduisons ici l’introduction qu’ielles font à la brochure sur leur site. De plus nous rajoutons quelques notes critiques en bas de page.

 

En 1969, l’ex-toxicomane et membre du Black Panther Party, Michael Cetewayo Tabor écrivait « Capitalisme + Came = Génocide », un texte devenu depuis lors incontournable sur les ravages de la drogue, en particulier de l’héroïne, dans les ghettos noirs de New York.

En 2015, nous avions publié une première édition de ce texte inédit en France et relativement oublié même outre-Atlantique. L’intérêt provoqué par la redécouverte de ce texte a conduit des camarades mexicain-es à le rééditer, en y ajoutant quelques nouveaux éléments sur la lutte menée durant ces années-là à New York contre le fléau de l’héroïne, notamment au sein de la communauté portoricaine. Au vu de la déferlante des drogues un peu partout dans le monde, et à l’heure où l’argent qu’elle génère graisse l’ensemble des rouages sociaux et économiques, les réflexions qui ont traversé les mouvements révolutionnaires portoricains et afro-américains dans les années soixante et soixante-dix restent plus que jamais d’actualité.

C’est la raison de cette nouvelle édition : réfléchir de nouveau sur cette contre-insurrection cachée, et pouvoir tirer du passé quelques outils pour comprendre et affronter la situation actuelle, en se ré-appropriant notamment les savoirs-faire et les usages nécessaires à l’émancipation de nos corps et de nos esprits.
Que ces textes, réunis au gré des amitiés et des solidarités internationales, puissent susciter de nouvelles idées et s’enrichir de nouveaux partages.

En attendant la 3e édition, augmentée de plusieurs textes de camarades ayant fait face à des situations similaires en Grèce, au Kurdistan et au Pays basque, voici la 2e version en français et en espagnol mexicain.

Sommaire :

La poudre de la contre-insurrection – Préface à l’édition mexicaine
Capitalisme + came = génocide – Michael Cetewayo Tabor
Plate-forme et programme du Black Panther Party. Ce que nous voulons. Ce que nous croyons
À qui profite « la guerre au crime » ? Gestion (para)étatique des marchés des drogues et contre-révolution sécuritaire – Mathieu Rigouste
Lincoln Detox Center : Le programme anti-drogue du peuple – Entretien avec Vicente « Panama » Alba
Manifeste et programme du Young Lords Party

Notes critiques :

Si de nombreux points de la brochure sont particulièrement intéressant, il nous paraît important néamoins de relever certains points.

Tout d’abord, il nous semble que de nombreuses affirmations et corrélation sont faites dans les textes de manière très rapide et sans beaucoup de justifications.

Par exemple :

« C’est alors [début XXe siècle] que les États-Unis ont pris les rênes du mouvement mondial pour la prohibition, position qui avait pour avantage de fragiliser les intérêts économiques des autres grandes puissances coloniales (Angleterre,France, Allemagne, Hollande et Japon), toutes fortement impliquées dans la production et la distribution de la coca et de l’opium. En parallèle, l’industrie américaine développa l’usage de substances énergisantes ou antidouleurs pour ses propres soldats, telles que les comprimés de codéine, le café instantané, les cigarettes industrielles, les cannettes d’alcool et de soda ou les tablettes d’amphétamine et de méta-amphétamine (benzédrine, dexedrine et méthédrine). »

La chronologie floue des auteurs ou encore des termes vagues permet ici de lier des évènements qui se situent à des dizaines d’années de distance. Quand il ne s’agit pas tout simplement de mensonge. Les cigarettes industrielles ou encore le café instanté n’ont pas du tout été inventé pour l’armée américaine. La cigarette industrielle est le produit de la méchanisation de l’industrie du tabac à la fin du XIXe siècle. Ce n’était donc pas une question de développer des produits pour les soldats mais de maximiser les profits des marchands de tabac. Quand à la codéine, elle est littéralement issus de diverses transformations de l’opium.

Ensuite, les analyses développés dans certains textes sont très occidentalo-centrée. Ce qui n’est pas un défaut si l’on reconnaît cette limite et en tient compte. Le problème ici, c’est que ces analyses servent ensuite de bases des généralisations beaucoup plus large. Ainsi au lieu d’alimenter une critique globale de l’état et du capitalisme, cela nourrit plutôt une critique partielle centrée sur quelques états.

Par exemple :

Mathieu Rigouste écrit, en introduction de son article, « Les grandes puissances impérialistes et leurs sous-traitants mènent à l’intérieur de leurs frontières ce que leurs médias appellent des  » guerres à la drogue et à la criminalité ». ». Cette affirmation à peu de sens, puisque c’est bien la totalité des états sur la planète qui criminalise les drogues et mène des politiques extrêmement violentes contre. Qu’il s’agisse de la fabrication, la commercialisation ou la revente. Les produits interdits varient en fonction des pays, les peines aussi mais la « guerre contre la drogue » n’est pas du tout une spécificité de quelques états. Elle est la norme. Car, et c’est justement ce que montre les textes de la brochure, la criminalisation des drogues est un formidable viver d’outils répressifs et de contrôle pour l’état. Qu’il s’agisse d’accentuer les politiques habituel de contrôle des exploité.es (pauvres, minorités raciales, étrangers…) ou encore de mener des actions de contre-insurection contre des groupes ou des individus spécifiques.

Le troisième point concerne la question de l’appuncture, évoquée à plusieurs reprises. Il nous paraît important de faire remarquer qu’il s’agit d’une charlatanerie, aucunement efficace. Contrairement à plein d’autres points évoqués : entraide, protocole de sevrage, espace de consommation sans risque, cercles de paroles…